Ainsi squattent-ils

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Ils l’appellent « l’Or est Al », « là », en verlan. Niché à la périphérie de Paris, à l’Haÿ-les-Roses dans des anciens bureaux commerciaux. Le site était vacant depuis plus de 7 ans, les anciens et derniers locataires n’étaient autre que la firme de cosmétiques l’Oréal. A la mi-juillet 2020, un groupe de squatteurs l’a transformé en leur nouvelle maison. Ce lieu a abrité jusqu’à 80 personnes. Loin des clichés, ces squatteurs aux profils variés sont âgés de 19 à 70 ans, et viennent de milieux socioculturels différents. Leur point commun : l’impossibilité de se loger dans la capitale et la précarité de ce mode de vie.

Depuis les années 2000 on constate une crise du logement. L’Île-de-France est la région la plus marquée par ces difficultés, les salaires n’ont pas augmenté autant que le prix de l’immobilier. Par conséquent, les capacités financières des ménages ont diminué, explique un rapport publié en 2016 par le Secours Catholique. Le squat est, entre autres, une réponse revendicative au droit au logement et à la hausse des prix des loyers. Le contexte sanitaire actuel a, pour certains, accru une précarité économique et sociale avec les confinements et couvre-feux répétés.

Comment créer la « maison » dans un lieu que tout oppose : des bureaux ? Qui sont-ils ? Qu’est ce qui les a poussé à se tourner vers le squat ? Pour certains c’est un choix de vivre autrement. Pour d’autres c’est un moyen d’échapper à la rue. D’autres encore, ont construit leur vie sur la militance des sans domiciles.

Contraint de vivre ensemble, l’intimité devient collective par le partage des espaces comme les cuisines, les sanitaires, les machines à laver et la vaisselle. Ici, la vie privée et le silence sont un luxe.

Circulant de chambre en chambre à la rencontre de ces habitants et habitantes, je réalise leurs portraits et documentent leur quotidien.